Transmettre la Conduite Accompagnée du Chien
Aline Loock est vétérinaire, comportementaliste et éducateur canin. Elle est installée dans le Pas-de- Calais où elle exerce depuis 22 ans.
Son ambition ?
Faire en sorte que chiens et chats, qu’elle surnomme affectueusement ses « poilus » soient bien dans leurs pattes, comme dans leur tête, et bien au sein de leur famille.
Pour cela, en plus de son diplôme de vétérinaire, Aline a ajouté de multiples cordes à son arc. Elle intervient par exemple en médiation animale auprès d’enfants très jeunes, afin qu’ils soient sensibilisés très tôt aux gestes et comportements à adopter avec un chien.
Elle s’est formée à la Conduite Accompagnée du Chien©, il y a plus de 8 ans, alors que celle-ci s’appelait encore la Conduite Accompagnée Vétérinaire©. Elle cherchait alors une formation sur le comportement. A l’époque déjà, la formation était fortement axée « prévention »
La méthode m’a beaucoup plu, dit-elle, car on y définissait ce qu’est le comportement d’un chien « normal » au lieu de partir de l’idée que le chien est forcément pathologique.
La méthode de la CAC©, créée par le Dr Nathalie Simon, propose d’explorer comment le chiot ou le chien peut « déraper » et développer des troubles du comportement, en fonction soit d’un environnement inadapté, soit de ses interactions avec les humains. Aline propose aussi une communication humain/chien pour améliorer la relation.
La méthode de la CAC, créée par le Dr Nathalie Simon, a exploré tous dysfonctionnements qui affectent les comportements des chiens, mais aussi leurs causes et leurs évolutions posibles. Ces dysfonctionnements différereront en fonction de :
- Ce que le chien a appris (ou pas),
- De l’étape de développement dans laquelle il se situe
- Des environnements dans lesquels il évolue.
En évitant les erreurs éducatives la CAC aide véritablement les familles et les chiots, pour qu’ils s’ajustent pour toute leur vie ensemble.
Les professionnels formés, eux, savent anticiper le « dérapage » du chiot ou du chien et anticiper les comportements problématiques. qu’ils soient liés à un environnement inadapté, ou à des interactions avec l’humain. Ils peuvent établir voire rétablir une communication humain/chien cohérente pour améliorer la relation.
J’ai essayé de simplifier pour davantage vulgariser le propos, et de raccourcir aussi, mais je ne suis pas encore totalement convaincue.
Aujourd’hui, non contente d’utiliser la CAC© au quotidien avec ses « poilus » avec beaucoup d’enthousiasme, Aline a choisi aussi de la transmettre, à des professionnels du chien, mais aussi aux étudiants des écoles vétérinaires.
Quand je lui pose la question : Pourquoi cette envie de transmettre et pourquoi la CAC© ? Aline n’hésite pas. Les trois qualificatifs qu’elle me cite sont :
Pacifique, cohérente et qualifiante
« Le chien est capable de s’attacher à plusieurs personnes au sein d’une famille, pourvu que celles-ci soient bienveillantes, cohérentes et congruentes, dans leur communication, mais aussi dans leur posture ».
Le « virus » de la transmission
« L’envie de transmettre, ça ne se discute pas. Il me semble que soit on l’a, soit on ne l’a pas ! »
« En tant que maman, j’ai eu à cœur de transmettre à mes enfants tout ce qui me semblait important, et je me rends compte que je fais partie des gens qui aiment transmettre, dans quelque contexte que ce soit. Et puis, je sais plein de trucs, et j’ai envie de les partager avec les autres, surtout quand je sais que cela va être utile pour eux ».
ALINE LOOCK
Aline ajoute qu’elle aurait aimé être mieux formée en comportement il y a 20 ans. Lors d’échanges avec des étudiants vétérinaires, elle a pu constater qu’ils n’étaient pas nécessairement à l’aise non plus avec leur cursus en comportement. Cela a évolué car les étudiants ont désormais des cours d’éthologie, même si cela ne constitue pas une méthode a proprement parler.
La bienveillance a aujourd’hui davantage sa place dans les cursus, mais on doit pouvoir faire encore plus précis, plus efficace.
L’an dernier, j’ai eu l’opportunité de présenter les principes généraux de la Conduite Accompagnée du Chien© à 60 à 70 étudiants en écoles vétérinaires, en mettant en avant justement les notions de cohérence, d’erreurs à éviter, pour que le chien soit un adulte stable et beaucoup ont été intéressés. Ensuite, il faut donner envie aux étudiants –et aux vétérinaires et professionnels du chien de venir en formation.
Dans un monde idéal, Aline Loock aimerait former plus de professionnels à la Conduite Accompagnée du Chien© et sensibiliser davantage d’étudiants vétérinaires.
Ce qu’elle apprécie, c’est de travailler avec des groupes de 7 personnes, pour permettre les interactions.
Lors des journées pratiques des chiens l’accompagnent.
Parfois ce sont ceux de sa clientèle et/ou des vétérinaires ou ASV présents, ce qui permet de montrer certains comportements spécifiques.
Elle dispose désormais d’un local dédié à son activité, et c’est un réel plus.
J’ai besoin de bien connaitre les chiens avec lesquels j’interviens, et les humains également. Car pour pratiquer la Conduite Accompagnée du Chien© en clientèle, il faut être proche des gens. Il faut aimer les chiens, et aussi, il faut aimer les gens.
ALINE LOOCK
J’ai aussi envie de rappeler que la formation à la Conduite Accompagnée du Chien© est qualifiante.
Elle n’est pas diplômante, mais qualifiante. Elle donne aussi des clés. Beaucoup de clés !
Comme pour toutes les interviews, j’interroge Aline sur un mauvais et un bon souvenir dans sa pratique. Les réponses fusent. Instantanément.
Un mauvais souvenir ?
Des chiens jeunes, adultes, en bonne santé, que des propriétaires me demandent d’euthanasier ; par non-respect du chien, par non-respect de ce qu’il faudrait faire ou qu’il aurait fallu faire. C’est insupportable.
Un bon souvenir ?
Le temps passé avec mes chiens, là, dans les champs, comme aujourd’hui.